Andalousie #5 : Un week-end à Séville
La première semaine de notre road trip en Andalousie s’achève par un long week-end à Séville.
Nous réalisons (dans la voiture, et après avoir réservé le matin même nos 3 nuits d’hôtels) qu’il aurait peut-être été plus stratégique d’éviter de visiter Séville un week-end, au beau milieu des vacances de la Toussaint qui plus est!
Quatrième ville d’Espagne, Séville est en effet une destination très courue, surtout au printemps et à l’automne, lorsque les températures se font plus douces (l’été, la chaleur est écrasante).
Qu’importe… Nous ferons un peu plus de queue pour visiter les sites touristiques mais nous aurons ainsi un petit aperçu de l’ambiance enflammée qui gagne la ville les soirs de week-end!
Séville, premières impressions
Une ville pour piétons
Nous l’avons appris à nos dépens, Séville n’est clairement pas une ville où il fait bon circuler en voiture.
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir été prévenus : les avertissements de notre guide (on ne peut plus clair sur le sujet), et notre petite, mais néanmoins suffisante, expérience des villes andalouses auraient dû suffire à nous en dissuader. Mais, têtus, et n’ayant pas franchement d’autre option évidente, nous avons tout de même tenté de gagner notre hôtel en voiture.
Grave erreur.
Nous avons perdu plus d’une heure à tourner dans le dédale des ruelles du centre-ville (certaines à peine assez larges pour permettre à notre petite ford fiesta de se faufiler), à la recherche de parkings introuvables ou très mal indiqués.
Pour achever de vous convaincre d’éviter, si vous le pouvez, de voyager en voiture à Séville, sachez que le stationnement dans les parkings de la ville est cher (environ 20€ par jour), et que les hôtels de la ville n’ont généralement pas d’autre option à vous offrir qu’une infime réduction sur les prix publics.
Mais ces mésaventures furent vite oubliées car, une fois garés, force est de constater qu’il est très agréable de se promener dans les rues de la ville, piétonnes ou quasi-piétonnes pour la plupart.
L’effervescence des week-ends sévillans
La voiture enfin garée, nous rejoignons ce qui sera notre « premier » hôtel à Séville. Je m’explique…
Pour avoir la liberté de prolonger (ou d’écourter) notre séjour au gré des villes traversées au cours de notre roadtrip andalou, nous n’avions réservé aucun hébergement à l’avance, contactant généralement les hôtels la veille pour le lendemain.
Ce qui nous avait assez bien réussi jusqu’alors pose quelques problèmes dans une ville comme Séville, qui connaît une très forte affluence le weekend. Les hôtels à peu près bien situés étant quasiment tous complets, nous avons dû couper le séjour en deux pour passer la première nuit dans un hôtel, les deux suivantes dans un autre (pratique non?). Mieux vaut alors ne pas être trop regardant sur la qualité de l’hébergement, les meilleurs établissements étant bien souvent pris d’assaut…
Par chance, nous avons pu réserver deux hôtels assez peu éloignés l’un de l’autre et très bien situés (au cœur du barrio de Santa Cruz), à quelques rues seulement des principaux monuments de la ville.
Après avoir déposé nos affaires à l’hôtel, nous sortons, affamés, à la recherche d’un endroit où dîner. Un vendredi soir, dans le quartier éminemment touristique de Santa Cruz, nous ne nous attendions pas à ce que les rues soient désertes. Mais nous étions loin d’imaginer une telle effervescence!
Dans les quelques rues à proximité de la cathédrale, les bars à tapas débordent de monde, s’étalant parfois jusqu’au milieu de la rue.
Et si les touristes sont nombreux aux terrasses des restaurants, les sévillans ne sont pas en reste, attroupés autour des tables hautes de ce que nous supposons être les meilleures adresses du quartier, le tout formant ce qui ressemblerait à un immense bar à ciel ouvert. L’animation dans la ville est telle qu’au beau milieu de la rue Mateos Gago, nous nous surprenons à hausser la voix pour nous entendre!
Trouver un endroit où s’attabler dans ce joyeux désordre relève presque du défi.
Par miracle, et après plusieurs tentatives infructueuses, nous réussissons à dégoter une table dans l’un de ces nombreux bars à tapas et dînons d’un délicieux jamon iberico et de croquettes de fromage, autre succulente spécialité espagnole, avant de regagner notre hôtel.
Un week-end à Séville : les incontournables
Difficile de passer par la capitale andalouse sans en visiter les principaux monuments, même si je dois bien reconnaître que c’est l’ambiance de la ville, plus que la visite de ses sites, que nous retiendrons de notre week-end à Séville.
Nous consacrons ainsi une partie de notre weekend à la visite des trois incontournables de Séville que sont le Real Alcázar, la cathédrale et sa tour Giralda, et enfin la Plaza de España.
Petit conseil tout de même : la grande majorité des touristes en week-end à Séville commence par la visite de ces monuments. La queue devant le Real Alcázar le samedi matin est impressionnante!
Si vous le pouvez, gardez ces visites pour la fin de votre weekend pour éviter de perdre trop de temps dans les files d’attente.
#1 Le Real Alcázar de Séville
Notre coup de cœur, incontestablement.
Classé au patrimoine mondial de l’humanité, le palais, dont la construction remonte au Xème siècle, a vu défiler un certain nombre de monarques espagnols (aujourd’hui encore, la famille royale y séjourne lorsqu’elle est de passage à Séville) depuis que Pierre Ier a décidé de faire de Séville sa capitale et de l’Alcazar son palais.
Roi catholique, il s’est fait aider de Mohammed V, son allié musulman de Grenade (ceci explique les quelques similitudes entre l’Alcazar de Séville et l’Alhambra de Grenade), pour la construction de sa palais.
Le fruit de cette collaboration a fait du Real Alcázar de Séville un ensemble au mélange de styles (mudéjar, baroque, gothique) unique, et merveilleusement réussi.
La visite du palais et de ses patios se prolonge par celle, tout aussi agréable, de ses somptueux jardins.
#2 La plaza de España (place d’Espagne)
Construite par l’architecte Hanibal González à l’occasion de l’Exposition hispano-américaine de 1929, la Plaza de España symbolise l’Espagne accueillant ses anciennes colonies.
Ouvrant ses bras de briques en un demi-cercle de près de 200 mètres de diamètre, elle abrite en son sein 48 bancs d’azulejos représentant les différentes provinces d’Espagne, que l’on rejoint depuis le centre de la place en traversant l’un des quatre ponts qui symbolisent les quatre royaumes d’Espagne.
La place d’Espagne s’ouvre sur le parque Maria Luisa, grand jardin aménagé pour la même occasion, et qui est devenu l’un des lieux de balade préféré des habitants de Séville et des touristes de passage.
#3 La Cathédrale de Séville et la Giralda
Retour au cœur du quartier de Santa Cruz pour une visite de l’imposante cathédrale de Séville et de sa Giralda.
Construite au XVème siècle pour symboliser la victoire de la chrétienté sur le royaume d’islam, la cathédrale de Séville occupe l’emplacement d’une ancienne mosquée, dont seul subsiste aujourd’hui le minaret, qui n’est autre que la célèbre tour Giralda, devenue par la suite le symbole de la ville.
Si les instigateurs du projet ne manquaient pas d’ambition (on attribue cette phrase à l’un d’entre eux : « Construisons un temple si grand que ceux qui le verront nous prendrons pour des fous » ), il faut reconnaître que le résultat est à la hauteur de leurs espérances.
Troisième cathédrale du monde par sa taille, derrière les célèbres basiliques Saint-Pierre de Rome et Saint-Paul de Londres, on manquerait presque de superlatifs pour la décrire : elle est la cathédrale la plus large du monde, son autel (œuvre gothique que l’on doit à Pierre Dancart) est le plus riche et le plus grand du monde, et son ostensoir est, je vous le donne en mille, le plus grand du monde!
Depuis l’intérieur de la cathédrale, on accède à la tour Giralda qui, du haut de ses 97,5 mètres, offre un panorama unique sur la ville de Séville. De là haut, on distingue les principaux monuments de la ville (ci-dessous une vue sur les arènes).
Un week-end à Séville : balade dans la ville
La visite de ces trois incontournables peut occuper une grosse demie-journée (voire une journée entière) en fonction du temps d’attente et de votre rythme de visite.
Mais si elle est quasiment inévitable, ce serait pourtant passer à côté de la ville que de s’en contenter. Car pour s’imprégner de l’atmosphère des lieux, il faut se perdre dans les ruelles, prendre le temps de déguster de délicieuses tapas en terrasse, flâner sous les marchés couverts, etc.
Suivez-nous pour une longue promenade au fil des différents barrios (quartiers) de la ville…
Le quartier de Santa Cruz
Le plus touristique de la ville.
Il n’est toutefois pas désagréable de se promener dans les ruelles de cet ancien quartier juif.
De la place de la Juderia, la tour Giralda offre son meilleur profil.
Le quartier de Triana
En traversant le pont San Telmo qui enjambe le Guadalquivir, nous découvrons le charme tranquille de Triana, ancien quartier des ouvriers et des céramistes, comme nous le rappellent certaines façades des rues que nous empruntons.
Nous nous arrêtons à l’une des nombreuses terrasses de la Calle Betis, le temps d’un déjeuner au bord du Guadalquivir…
… face à la célèbre Torre del Oro et loin de l’agitation du centre historique.
Puis nous quittons le quartier par le pont Isabel II, au bout duquel la gitane de la plaza del Altozano nous rappelle que Triana était autrefois le repère des gitans, avant que ces derniers n’en soient chassés dans les années 1950.
Le quartier d’Alfalfa
Nous regagnons le centre de Séville pour quelques visites dans le quartier d’Alfalfa, situé au nord de Santa Cruz.
La casa de Pilatos
Nous commençons par la casa de Pilatos (maison de Pilate), qui n’a jamais appartenu au tristement célèbre Ponce Pilate, mais dont la demeure à Jérusalem aurait quelques ressemblances avec celle-ci.
Dans ce palais, datant des XVème et XVIème siècle, l’art mudéjar s’exprime merveilleusement bien : arcades de plâtre ouvragées, plafonds en bois sculpté et somptueux panneaux d’azulejos.
Les heureux propriétaires de l’époque, férus de statues antiques, en ont fait un véritable musée à ciel ouvert.
Et les jardins ne sont pas en reste, même si, en cette saison, on ne peut qu’imaginer les splendides parterres de rosiers en fleurs…
Plaza del Salvador
Nous poursuivons notre découverte du quartier un peu plus loin, sur la plaza del Salvador, où, jour et nuit, les tables de l’unique bar à tapas (La Antigua Bodeguita) sont constamment prises d’assaut par des hordes de sévillans assoiffés!
En arrivant sur la place, notre regard est irrésistiblement attiré par la façade rouge brique de la belle église qui y trône, l’iglesia colegial del Divino Salvador.
C’est l’église la plus importante de Séville après la cathédrale.
Nous avons pourtant hésité à la visiter, et si le prix de l’entrée n’était pas compris avec celui de la cathédrale (pensez à conserver votre ticket d’entrée!) nous serions probablement passés à côté de ses époustouflants retables gothiques.
Nous quittons enfin la plaza del Salvador par la très commerçante Calle Sierpes, qui nous mène tout droit à la Plaza San Francisco, face à l’Hôtel de ville, dans le quartier d’El Arenal.
Le quartier d’El Arenal
Nous passons vite dans ce quartier, juste le temps d’admirer la torre del Oro, de contourner la Plaza de Toros (les arènes de la ville) et d’admirer, de l’autre côté du fleuve, les façades colorées de la Calle Betis.
Le quartier du centre et du musée des beaux-arts
Nous remontons le long du fleuve jusqu’au musée des beaux arts (Musea del Bella Artes), dont la visite vaut le coup d’œil, ne serait-ce que pour les lieux, si vous avez un peu de temps devant vous.
Nous passons un peu rapidement les nombreuses œuvres religieuses du rez-de chaussée pour nous intéresser, à l’étage, aux tableaux plus typiques de l’art de vivre espagnol, comme ce tableau de José Villegas Cordera (voir ci-dessus) relatant la mort d’un matador : « la muerte del maestro ».
Le Palacio de la Condesa de Lebrija
Un peu plus au centre de la ville, à la limite avec le quartier d’Alfalfa, nous passons une tête pour admirer le rez-de-chaussée (le 1er étage n’est accessible que sur visite guidée) du palais de la comtesse de Lebrija.
Les pièces de cette splendide demeure ont été faites sur mesure par la comtesse pour accueillir des sols de mosaïques romaine, qu’elle appréciait tout particulièrement.
Puis nous poursuivons notre balade en direction des quartiers nord de la ville.
Le quartier de San Lorenzo & Alameda de Hercules
Nous parcourons le quartier de San Lorenzo à la recherche d’une terrasse agréable où nous reposer.
Et si les quelques bars à tapas de la place San Lorenzo ont l’air très accueillants, nous n’arriverons pas à y trouver la moindre place assise.
Nous continuons notre chemin jusqu’à l’immense esplanade Alamada de Hercules où pour le coup, les terrasses ne manquent pas.
Le quartier de Macarena
En poursuivant à l’est de l’Alameda de Hercules, nous tombons un peu par hasard sur le marché couvert Feria, où règne une animation étonnante pour le quartier, plutôt calme par ailleurs.
Un peu plus loin, les rues de ce quartier pourtant haut en couleurs sont en effet pratiquement désertes…
Nous nous perdrons un peu dans ces jolies ruelles avant de retrouver notre chemin et enfin regagner notre hôtel.
Une bonne adresse à Séville ?
Quoi de mieux pour finir la journée qu’un bon dîner dans l’un des nombreux bars à tapas que compte la ville?
Parmi eux, Mama Bistro, pourtant situé en plein cœur du quartier très touristique de Santa Cruz, a retenu notre attention.
Une bonne adresse? Oui mais…
Attirés par une carte pour le moins originale, nous entrons pour essayer de réserver une table un peu plus tard dans la soirée. Le serveur nous éconduit gentiment, nous expliquant que le restaurant ne prend pas de réservation, et nous conseille de revenir à 20h30, au tout début du service, pour être sûrs d’avoir de la place.
Après une semaine passée en Andalousie, nos estomacs sont maintenant rythmés à l’heure espagnole, et nous avons rarement faim avant 21h30-22h. Aussi nous décidons de nous poster dans le bar d’à côté pour attendre la fin du premier service et tenter à nouveau notre chance…
À 21h30, nous revenons à la charge mais toutes les tables sont prises, et le serveur nous invite à revenir une heure plus tard. Bien décidés à tester ce restaurant avant notre départ de Séville, nous prenons notre mal en patience et recommandons une tournée d’apéro pour patienter jusqu’à 22h30.
À l’heure dite, nous entrons, confiants, dans le restaurant pour nous entendre dire, toujours par le même serveur, qu’il y a une « waiting list » (!!!) et que nous aurions dû donner notre nom pour obtenir une table… No comment.
Nous sommes pourtant étonnés de constater qu’à l’entrée du restaurant, un certain nombre de tables sont libres, ou pire… occupées par des clients attendant qu’on leur attribue une « vraie » table. Peut-être s’agit-il de la « waiting room »…? 😉
Blasés, mais déterminés, nous nous joignons à eux et commandons un cocktail pour patienter, après avoir mis notre nom sur la fameuse liste.
Alléluia! Après quelques minutes d’attente, nous obtenons enfin une table au fond du restaurant où, pourtant, un certain nombre de tables sont restées inoccupées toute la fin de soirée. Vous y comprenez quelque chose vous? Non? Nous non plus…
Fort heureusement, et après ces quelques petits déboires, le repas est à la hauteur de nos attentes.
Nous goûtons à des tapas toutes plus inventives et succulentes les unes que les autres : cappuccino de morue et ses chips de pommes de terre vitelottes, millefeuille d’aubergines et de chèvre au miel et balsamique, escalope de foie gras et aile de raie à la pomme confite et, pour finir, tartare de thon et mangue à la glace gingembre.
Un délice!
Et c’est sur cette note douce-amère que nous concluons notre week-end à Séville, pour repartir lundi en fin de matinée en direction de Cordoue.
Pour continuer le voyage avec nous, direction Cordoue >> Andalousie #6 : Cordoue et son incomparable Mosquée
Liens utiles
> Site de l’Office du Tourisme de Séville
> Site internet du Real Alcázar à Séville
> Site internet de la cathédrale de Séville
Retrouvez aussi sur le blog
> Andalousie #1 : Malaga, une ville aux deux visages
> Andalousie #2 : Ronda, ville romantique
> Andalousie #3 : Cadix et la route des villages blancs
> Andalousie #4 : Les bodegas de Jerez de la Frontera
> Andalousie #6 : Cordoue et son incomparable mosquée
> Andalousie #7 : Ubeda et Baeza
> Andalousie #8 : L’Alhambra de Grenade
> Andalousie #9 : Visiter Grenade en 3 jours
L’Andalousie : destination d’Europe que je souhaite faire dans un futur proche !!
Bel article qui donne fort envie et de jolies photos !
Merci! L’Andalousie est vraiment magnifique, nous nous sommes régalés pendant ces deux semaines de voyage.
Ah dommage vous avez manqué le Metropol Parasol : l’un des seuls monuments moderne d’Andalousie :). Un genre de gros champignon métallique sur lequel on peux se promener à environ 30 mètres de haut. Dans le quartier de Santa Cruz il y a aussi des patios fleuris très jolis souvent bien cachés dans de petites ruelles.
Bon eh bien je crois que nous allons devoir y retourner!