Ce matin, nous quittons la capitale pour passer un week-end à Rouen.
Et si Victor Hugo l’avait surnommée « la ville aux cent clochers carillonnant dans l’air« , on ne peut pas résumer Rouen à ses églises!
Capitale régionale la plus proche de Paris, Rouen est le lieu idéal pour un week-end historique, culturel et gourmand… et on vous le prouve.
La rue du Gros Horloge à Rouen
Avant de commencer la balade, j’ai une petite confession à vous faire : nous n’avons pas choisi de passer ce week-end à Rouen tout à fait par hasard.
Avec un père rouennais de cœur et ayant moi-même fait une partie de mes études à Rouen, j’avais très envie de faire découvrir cette ville que j’apprécie tout particulièrement à mon compagnon de route, et à nos chers lecteurs qui, je l’espère, apprécieront cette balade dans les rues pavées du vieux Rouen.
Je vous emmène pour commencer au cœur de la ville, dans la rue du Gros Horloge.
Je vous l’accorde, il peut être un peu compliqué de s’y frayer un passage tant il y a de monde dans cette rue, sûrement l’une des plus commerçantes de la ville!
Mais n’ayez pas peur et suivez le flot…
Situé à mi-distance entre la Cathédrale de Rouen et la place du Vieux-Marché, son Gros Horloge, l’un des emblèmes de Rouen, vaut vraiment le coup d’œil.
Adossé à une tour reconstruite à la fin du XIVème siècle (l’ancien Beffroi, symbole des libertés communales, ayant été détruit quelques années plus tôt, en 1382, après la révolte de la Harelle), le Gros Horloge veille sur la rue qui porte son nom depuis maintenant plus de six siècles, ce qui fait de lui l’une des plus anciennes horloges publiques de France.
L’unique aiguille de cette horloge astronomique indique les heures, tandis qu’un semainier fait de divinités (situé sous le chiffre VI du cadran) précise le jour de la semaine. Le globe entouré de rouge, au-dessus du cadran de l’horloge, permet de connaître les phases de la lune.
Et pour les curieux, il est possible de monter dans la Tour pour observer d’un peu plus près le mécanisme de l’horloge datant du XIVème siècle, et profiter par la même occasion d’un beau panorama sur la ville!
La Place du Vieux-Marché à Rouen
En descendant la rue du Gros Horloge, vous déboucherez sur la place du Vieux-Marché, qui est elle aussi un lieu incontournable de la vie rouennaise.
Tout Rouen s’y retrouve le temps d’un café, pour y faire quelques emplettes au marché couvert, ou encore pour se remplir la panse dans l’un des nombreux restaurants qui bordent la place
Vous pourrez y admirer les façades des maisons à colombages et encorbellement, caractéristiques des constructions du Moyen-Âge et que l’on retrouve un peu partout dans la ville de Rouen, et plus largement dans la région.
Avec plus de 2000 maisons à colombages, Rouen est la ville qui compte le plus grand nombre de constructions de ce type dans toute l’Europe.
C’est d’ailleurs dans l’une de ces belles maisons que se trouve le restaurant La Couronne, ouvert en 1815, et qui n’est rien de moins que la plus vieille auberge de France.
Mais la place du Vieux-Marché est avant tout un lieu chargé d’histoire, puisque c’est là que Jeanne d’Arc fut brûlée vive le 30 mai 1431.
Les références à la pucelle d’Orléans sont d’ailleurs omniprésentes dans la ville : statues, noms de rues, de monuments, musées, … Jusque dans les spécialités culinaires avec le best-seller de la ville : les fameuses « larmes de Jeanne d’Arc » (voir ci-dessous notre rubrique « Gastronomie à Rouen »).
Une croix a été placée à proximité de l’emplacement du bûcher, comme le stipulait le procès dit « de réhabilitation » de Jeanne d’Arc, qui eut lieu en 1456.
Jusqu’en 1793, la place accueillait l’église Saint-Sauveur qui, détruite, fut remplacée en 1979 par l’actuelle église Sainte-Jeanne-d’Arc.
L’architecture controversée du bâtiment, que l’on doit à Louis Arretche, évoque à la fois un bateau viking et un poisson.
Au-dessus du marché couvert, les pics sur les toits évoquent les vagues de l’océan.
Nous sommes agréablement surpris par l’atmosphère qui règne à l’intérieur de l’église Sainte-Jeanne-d’Arc de Rouen.
La charpente en bois clair, ses formes arrondies et les splendides couleurs des vitraux récupérés de l’église Saint-Vincent (anciennement rue Jeanne d’Arc et détruite en 1944) apportent chaleur et gaîté à une église pourtant bien maussade vue de l’extérieur.
Ici encore, les hommages à Jeanne d’Arc sont omniprésents, et nous quittons d’ailleurs la place du Vieux-Marché par la place de la Pucelle qui la jouxte.
C’est sur cette place que se trouve l’un des plus beaux hôtels de Rouen : l’Hôtel de Bourgtheroulde.
L’établissement 5 étoiles, géré par le groupe Mariott, a pris ses quartiers dans un ancien hôtel particulier (classé monument historique), construit à la fin du XVème siècle, et dont la façade regorge de détails historiques : la salamandre de François 1er, le porc-épic de Louis XII, ses fenêtres à meneaux…
Puis, de la place de la Pucelle, nous retrouvons la rue du Gros Horloge qui nous mène tout droit à la Cathédrale de Rouen.
La Cathédrale Notre-Dame de Rouen
À l’opposé de la Place du Vieux-Marché, la rue du Gros Horloge mène au monument le plus emblématique de la ville : la Cathédrale Notre-Dame de Rouen.
Classée Monument Historique depuis 1862, joyau de l’art gothique, la Cathédrale Notre-Dame de Rouen a notamment été rendue célèbre dans le monde entier grâce à la série de tableaux réalisés par le peintre Claude Monet (voir ci-dessus).
Cathédrale la plus haute et la plus large de France, elle était, au moment de son édification en 1876, le monument le plus haut du monde!
C’est pourtant cet édifice aux dimensions hors normes qui sera considéré comme étant « la plus humaine des cathédrales », en raison du manque de symétrie de sa façade.
Contournez la Cathédrale par la gauche, longez le « portail des libraires » (anciennement portail des boursiers, et qui doit son nom aux échoppes des artisans qui faisait face à la Cathédrale à cet endroit précis), puis continuez dans la rue Saint-Romain.
La rue Saint-Romain à Rouen
Longeant le portail des libraires et l’archevêché de la Cathédrale de Rouen, la rue Saint-Romain, avec ses maisons à colombages et ses boutiques d’artisans, nous transporte tout droit au Moyen-Âge.
Vous croiserez rue Saint-Romain les deux dernières fabriques de faïence de Rouen (il y en a eu jusqu’à 22!) qui, depuis le XVIème siècle, font la renommée de l’artisanat rouennais puisque Rouen était considéré comme le plus important centre de céramique en France. Pour les passionnés, le musée de la céramique n’est pas loin…
Et si votre passage place du Vieux-Marché vous avait donné envie d’en savoir plus sur l’histoire de Jeanne d’Arc, arrêtez-vous au n°7 de la rue Saint-Romain pour une visite de l’Historial Jeanne d’Arc.
L’Historial Jeanne d’Arc, pour revivre son procès
Ouvert en mars 2015, l’Historial Jeanne d’Arc cherche à renouveler l’intérêt des visiteurs pour cette figure qui a marqué l’histoire de la ville en proposant une expérience nouvelle, différente de celle des musées traditionnels.
La visite commence par un parcours-spectacle d’1h15 au cours duquel le spectateur est invité à revivre le procès de Jeanne d’Arc en 1456 à travers 7 espaces reconstituant des séquences de sa vie. Elle se poursuit ensuite par la découverte de 3 espaces interactifs qui permettront au visiteur de comprendre le mythe qu’est devenue Jeanne d’Arc.
Au bout de la rue Saint-Romain, nous traversons l’avenue de la République pour rejoindre le quartier des antiquaires.
Le quartier des antiquaires de Rouen
Nous arrivons dans le quartier des antiquaires par la place Barthélémy, au milieu de laquelle trône la belle église Saint-Maclou puis poursuivons notre balade en flânant dans les rues autour de l’église.
La rue Damiette (ou « rue des antiquaires ») est, comme son nom l’indique, le berceau du quartier des antiquaires.
Nous achevons notre visite du quartier avec celle de l’aître Saint-Maclou, situé au 186 rue Martainville.
L’aître Saint-Maclou, cimetière des pestiférés
Le mot « aître » vient du latin « atrium » (cour intérieure d’entrée d’une villa romaine) qui, par extension désigne un cimetière (situé devant l’entrée d’une église).
L’aître Saint-Maclou fut en effet utilisé comme cimetière suite à l’épidémie de Peste noire de 1348, qui décima une grande partie des habitants du quartier.
Lorsqu’au début du XVIème siècle une nouvelle épidémie de peste se déclare, la paroisse décide d’agrandir le cimetière en construisant trois galeries destinées à contenir les nouveaux ossements.
La décoration de ces galeries est comment dire… plutôt macabre : crânes et ossements, outils de fossoyeur, et autres joyeusetés sont sculptés tout le long des poutres. Je ne vous parle même pas du cadavre de chat (accompagné de sa souris s’il vous plaît!) visible dans les murs à l’entrée dans la cour.
Ces décor pour le moins inhabituel n’a pas empêché la construction d’une quatrième galerie en 1651 destinée à recevoir une école de garçons pauvres. Plus récemment, c’est l’école des Beaux-Arts de Rouen qui avait investi les lieux avant de déménager en 2014.
Le Musée des Beaux-Arts de Rouen
Si vous avez un peu plus de temps en week-end à Rouen, je vous conseille la visite du Musée des Beaux-Arts de Rouen, qui fait face au square Verdrel.
Un peu d’histoire…
Créé à la fin du XVIIIème siècle avec la Révolution française, le musée des Beaux-Arts de Rouen va s’enrichir au fil des années d’œuvres majeures d’artistes tels que Delacroix, Velazquez, Van dyck, Ingres, que vont côtoyer celles de grands artistes de la région (Poussin, Guéricault, …). Les achats, les dons (ou parfois même les saisies de l’époque Napoléonienne) vont permettre de constituer la collection d’un musée des Beaux-Arts que l’on considérera vite comme « le plus complet de France après celui de Paris ».
D’abord abritée dans une église de jésuites, puis entre les murs de l’Hôtel de ville, la collection du musée des Beaux-Arts de Rouen est aujourd’hui visible dans un bâtiment construit à la fin du XIXème siècle par l’architecte Louis Sauvageot, et rénové de 1988 à 1994 par une architecte qu’on ne présente plus, Andrée Putman.
Les statues qui encadrent l’escalier principal ont été sculptées par Joseph Tournois et représentent Nicolas Poussin et Michel Anguier, deux artistes de la région.
Que voir au Musée des Beaux-Arts de Rouen?
Le musée abrite une collection permanente très fournie, s’étendant du XVème siècle à nos jours : des peintures, des sculptures bien sûr, mais aussi un très beau fonds de près de 8000 dessins (Ingres, Degas, …) qui font la fierté et la renommée du musée à l’international. En peinture, la section consacrée au XIXème siècle est particulièrement riche : Monet (bien sûr), Degas, Corot, Delacroix et bien d’autres…
Inutile de préciser que le musée fait la part belle aux enfants du pays : les impressionnistes (Monet, Sisley, Pissarro, Caillebotte, Renoir, …).
Mais outre cette riche collection permanente, le Musée des Beaux-Arts de Rouen propose régulièrement des expositions temporaires dont certaines ont eu un succès retentissant.
Ce fut le cas de l’exposition « Une ville pour l’impressionnisme : Monet, Pissarro et Gauguin à Rouen », organisée dans le cadre du Festival Normandie Impressionnisme 2010, et qui présentait, entre autres, la très célèbre Série des Cathédrales de Rouen : 30 tableaux de la Cathédrale peints à des endroits ou des moments de la journée différents par Claude Monet en 1872.
Et qu’est-ce qu’on mange à Rouen?
Un week-end à Rouen est certes un voyage dans le temps… mais aussi dans l’assiette!
En vous baladant dans les rues du centre historique, vous ne manquerez pas de vous arrêter devant les vitrines alléchantes des nombreuses confiseries de la ville (j’ai personnellement un petit faible pour les macarons de la chocolaterie Auzou, rue du Gros Horloge), les stands du marché couvert (place du Vieux-Marché) ou de producteurs locaux installés là le temps d’une journée ou d’un weekend.
Pour les plus gourmands d’entre vous, profitez de la fête du ventre et de la gastonomie normande (3ème weekend d’octobre) pour venir à Rouen et vous régaler les yeux et le ventre à l’étal des producteurs locaux…
Les spécialités rouennaises
Outre les nombreux produits régionaux à base de crème fraîche (on ne présente plus la célèbre escalope à la normande!), de camembert, ou autres breuvages à base de pommes (jus de pomme, cidre, pommeau, calvados, etc etc), Rouen peut se prévaloir d’un certain nombre de spécialités culinaires dont les noms, très évocateurs, ne laissent aucune ambiguïté sur leur origine :
> Les larmes de Jeanne d’arc : amande grillée et caramélisée, enrobée de cacao. Le must-eat de la ville!
> Les 100 clochers : pomme nougatinée à la noisette, enrobée de chocolat.
> Le cadran du Gros Horloge : carré fondant truffé au chocolat noir et caramel.
… et bien d’autres gourmandises à découvrir dans les nombreuses chocolateries de la ville!
Côté salé, le plat phare de la ville est sans aucun doute le caneton à la rouennaise aussi appelé canard au sang. Cette recette est d’ailleurs devenue le plat emblématique du célèbre restaurant « La Tour d’Argent » à Paris.
Où manger à Rouen?
> Dans un lieu mythique: « La Couronne ».
Profitez d’être à Rouen pour vous offrir un dîner dans la plus vieille auberge de France…
> Chez un chef étoilé : Restaurant Gill
Ancien de « La Couronne », le chef Gilles Tournardre, doublement étoilé au Guide Michelin depuis 1990, revendique une cuisine simple et sans esbroufe.
> En terrasse : « L’Espiguette »
Place Saint-Amand, on est irrésistiblement attiré par la terrasse arborée de l’Espiguette, un bistrot à l’ambiance décontractée, qui sert une cuisine du sud-ouest sans prétention.
> Dans un cadre romantique & design : « Le 6ème sens »
Un décor design sous des caves voûtées datant du XVIIIème siècle et une cuisine haut de gamme à la présentation soignée.
Rouen… by night
Nous terminons notre exploration de la ville par une promenade de nuit.
En été, ne manquez pas les spectacles sons & lumières projetés sur la Cathédrale de Rouen.
Liens utiles
> Site internet de l’Office de tourisme de Rouen
> Site internet du Musée des Beaux-Arts de Rouen
> Site internet de l’Historial de Jeanne d’Arc de Rouen
> Site internet de la ville de Rouen : rouen.fr et l’agenda des événements de la ville
Les événements à ne pas manquer à Rouen
> La fête du ventre et de la gastronomie normande : chaque année, le 3ème weekend d’octobre.
> L’Armada : immense rassemblement de grands voiliers qui a lieu dans le port de Rouen tous les 4 à 5 ans en juin ou juillet (prochaine édition du 6 au 16 juin 2019)
> La foire Saint-Romain : fête foraine organisée sur les quais chaque année de fin octobre à fin novembre.
2 commentaires
Bonjour merci beaucoup pour cette balade a rouen je vais y aller un week-end en août ca va bien m aider
merci pour pour tous ces renseignements, sur une ville que je ne connais pas du tout et qui est riche d’histoire.. je vais à l’Armada de Rouen le 15 juin et j’ai déjà une petite idée pour visiter le centre ville.
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