Changement de décor : nous quittons une Séville survoltée et partons visiter Cordoue et notamment la grande Mosquée de Cordoue, dont la réputation n’est plus à faire!
Nous passerons quasiment deux jours dans la vieille ville de Cordoue, très agréable étape d’un road trip en Andalousie.
Ici, plus que partout ailleurs en Andalousie, nous avons ressenti l’harmonie qui a permis aux peuples musulmans, juifs et chrétiens de cohabiter pendant des siècles.
Dans cette ville de tolérance par excellence, nous avons été bluffés par la Mezquita, une mosquée-cathédrale unique au monde.
Jugez plutôt!
La grande Mosquée de Cordoue
Dès notre arrivée dans la vieille ville de Cordoue, nous sommes attirés vers ce monument aux dimensions hors normes, gigantesque vaisseau extra-terrestre qui se serait posé là il y a quelques centaines d’années.
Nous tournons autour, intrigués.
Ses gros murs de pierre nous empêchent de distinguer quoique ce soit à l’intérieur, et les portes semblent avoir été taillées pour des géants.
Nous décidons de commencer la journée par la visite de cette mystérieuse Mezquita, et nous engageons dans l’immense patio arboré de la mosquée, planté de palmiers et d’orangers, et dont les fontaines amusent beaucoup les nombreux écoliers en visite ce jour-là.
Bon plan : La visite de la grande Mosquée de Cordoue est gratuite entre 8h30 et 9h30 (idem pour l’Alcazar d’ailleurs). Pour les lève-tard que nous sommes c’est compliqué, mais l’info est toujours bonne à prendre!
Nous entrons dans la mosquée par une porte gigantesque qui nous propulse dans l’obscurité d’une forêt de colonnes de marbres, surmontées d’arches striées rouges et blanches.
Nous n’avions jamais vu un endroit pareil, et restons un instant étourdis par l’immensité du lieu. Et si les visiteurs sont nombreux à déambuler entre les colonnes, nous sommes étonnés du silence qui règne entre les murs de la mosquée.
Arrivés directement de Séville sans avoir pris le temps de nous poser un peu, nous n’avions rien lu avant de visiter Cordoue et sa grande mosquée…
Imaginez notre surprise quand, en avançant vers le centre de la mosquée, nous tombons sur ce qui ressemble à une cathédrale!
Du coup nous nous sommes plongés dans le guide pour avoir quelques explications…
Je ne vais pas vous faire un cours d’histoire sur le blog, ce n’est pas le propos mais, pour votre culture, voici un résumé du résumé de notre guide :
Comme vous le savez peut-être, l’Andalousie (Al-Andalus en arabe) était occupée par les musulmans depuis environ 700 après JC. L’émir Abd-Al-Rahman Ier, venu s’installer à Cordoue quelques dizaines d’années plus tard, délogea les chrétiens de l’église Saint-Vincent (construite par les Wisigoths en 584) pour la remplacer par une mosquée. Celle-ci fut ensuite agrandie à trois reprises par ses successeurs pour atteindre une surface totale de 23 000m², ce qui fait de la Mezquita de Cordoue la plus grande mosquée du monde après La Mecque!
Or quand les chrétiens ont repris la ville quelques siècles plus tard (en 1236 précisément), et plutôt que de détruire la mosquée, ils l’ont conservée pour y intégrer leur cathédrale.
Surprenant, mais il faut avouer que le résultat est dément!
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1984, l’édifice fait aujourd’hui l’objet de nombreux débats : pour l’instant exclusivement dédié au culte catholique, certains aimeraient pouvoir en faire un lieu inter-cultes, permettant ainsi aux musulmans de réintégrer les lieux.
Affaire à suivre…
L’architecte en charge de l’intégration d’une cathédrale au cœur de la mosquée de Cordoue a si bien fait les choses que la transition se fait presque naturellement. On passe de l’obscurité de la mosquée à la lumière de la cathédrale sans même s’en rendre compte, ou presque!
Les arches blanches et rouges de la partie « mosquée » à proprement parler sont surmontées d’une frise pour faire la transition avec la partie cathédrale… c’est tout simplement génial!
Sur la photo ci-dessous on voit bien la première arche, datant des débuts de la construction de la mosquée, et en arrière-plan les arches auxquelles une frise a été intégrée pour faire le lien entre les deux styles architecturaux de la mosquée.
Après avoir traversé la « cathédrale » de la grande mosquée de Cordoue, nous retrouvons l’architecture arabe baroque de la mosquée initiale.
Nous avançons jusqu’au mirhab, lieu le plus sacré de la mosquée (qui doit théoriquement être en direction de La Mecque, même si ce n’est pas le cas ici), et restons en admiration devant le dôme que nous trouvons splendide!
Nous passons encore une bonne heure à explorer les recoins de la mosquée avant de quitter les lieux.
Pas qu’on s’ennuie mais bon…
Le quartier de la Juderia
En sortant de la mosquée, on pénètre dans l’ancien ghetto juif de la ville : la juderia.
Il serait dommage de visiter Cordoue sans prendre le temps de se perdre dans ce quartier, certes le plus touristique de la vieille ville, mais qui n’a pourtant rien perdu de son charme.
Et même si, à chaque coin de rue, les rabatteurs des restaurants guettent le touriste pour l’attirer dans l’antre de son établissement, et les boutiques de souvenirs se disputent la palme du plus grand nombre d’éventails en vitrine, nous prenons plaisir à nous y balader.
On peut même avoir de belles surprises, comme ces boutiques travaillant le cuir de Cordoue…
… ou encore ce petit marché d’artisans, situé sous les arcades d’une cour fleurie, et sur lequel nous sommes tombés complètement par hasard.
Nous passons une partie de la journée à nous promener dans le dédale de ruelles blanches du quartier, en commençant par la rue « carte postale » de la ville, la calle de las flores (rue des fleurs).
Sur les bons conseils de notre guide préféré, nous passons voir la Chapelle San Bartolome, minuscule mais charmante. Bon avouons-le, nous avons été un peu étonné d’avoir à payer l’entrée (2€) pour visiter une si petite chapelle….mais c’est vrai qu’elle est jolie.
Rien que le palmier tressé de galets qui trône à l’entrée de la cour, nous vous conseillons de passer une tête dans la cour de la chapelle.
À quelques mètres de là, nous visitons ensuite une synagogue du XIVème siècle que s’était fait construire un particulier du quartier (ici l’entrée est libre).
Pas beaucoup plus grande que la chapelle San Bartolome, l’enchaînement des deux est intéressant pour comparer les architectures.
Puis nous continuons notre exploration de l’ancien quartier juif par la casa sefarad, dédiée, vous l’aurez deviné, à la culture sépharade.
Qu’est-ce que la culture sépharade me demandez-vous? Eh bien c’est le nom donné à la culture juive en Espagne.
On trouve dans cette maison toutes sortes d’explications sur les rites, les fêtes, les traditions juives, d’intéressants documents sur les persécutions dont furent victimes les juifs d’Espagne pendant l’Inquisition, et une salle dédiée à Maimonide, philosophe espagnol (1135-1204) et l’un des penseurs juifs les plus reconnus au Moyen-âge.
La visite du quartier de la juderia s’achève par une vue sur les remparts de la ville, qui ont été magnifiquement conservés!
Visiter l’Alcazar de Cordoue
L’Alcazar de Cordoue ou Alcázar de los Reyes Cristiano (Alcazar des rois chrétiens) porte bien son nom puisqu’il fut le siège de l’Inquisition pendant presque trois siècles.
Nous le visitons en fin de journée, à la nuit tombée.
Nous espérions en fait pouvoir assister au spectacle qui a lieu chaque soir dans les jardins de l’Alcazar. Seulement en arrivant à l’entrée du site à 19h (soit une heure avant sa fermeture), nous apprenons que le spectacle n’a lieu qu’à 21h30.
Très franchement, nous n’avons pas eu le courage d’attendre 2h30 le début du spectacle et nous sommes contentés d’une visite des bâtiments du palais… que nous avons trouvé un peu vide.
Seul intérêt selon nous, le point de vue qu’on a sur la ville et sur le pont romain de Cordoue lorsque l’on grimpe en haut des tours.
Les jardins valaient peut-être le coup, difficile à dire, il faisait nuit quand nous avons les visités.
Avis mitigé donc, sur cet Alcazar qui n’a pas grand chose en commun avec son cousin de Séville.
Nous quittons les lieux pour nous consoler autour d’un bon dîner… 🙂
Remarque : À côté de l’Alcazar, se trouvent les écuries royales (que nous n’avons pas eu le temps de visiter mais qui ont l’air intéressantes, et pour les amateurs des spectacles équestres y sont programmés très régulièrement).
Où manger à Cordoue ?
Dans une institution
Parmi les meilleurs restaurants de Cordoue, figure sans nul doute en tête de liste la Casa Pepe de la Juderia.
La salle du bas est réservée aux tapas, alors que le premier étage fait restaurant. Nappe blanche, décoration soignée, serveurs aux petits soins… rien à dire tout est impeccable!
Nos deux plats de poisson sont sans surprise mais très bons.
En revanche côté desserts nous sommes un peu déstabilisés : je choisis l’une des spécialités de Cordoue, le Pastel Cordobés (gâteau cordouan), sorte de pâte feuilletée fourrée avec du cédrat confit (cheveux d’ange)… Car si l’influence arabe est très présente dans l’architecture des monuments de Cordoue, elle l’est aussi dans sa cuisine!
Bon mais j’ai trouvé ce gâteau un peu sec (il faut dire que je ne suis pas une grande amatrice du genre).
Mehdi, lui, s’essaye à un biscuit plus moelleux, imbibé d’huile d’olive et de PX (Pedro Ximenez, un vin cuit local)… original mais délicieux. Goûtez-le si vous en avez l’occasion!
Au calme d’une terrasse ombragée
Un peu à l’écart de l’agitation du centre et du quartier de la Juderia, nous avons particulièrement apprécié le calme de la terrasse du bar La Cavea, situé juste en face du musée archéologique de Cordoue.
Nous y avons (re-)goûté au Salmorejo, spécialité de Cordoue (la ville en est tellement fière qu’on a trouvé la recette sur un mur!), mais que l’on peut déguster un peu partout en Andalousie. Très semblable au gaspacho, il s’agit d’une purée de pain, tomates, ail et huile d’olive. Pour égayer le tout, le salmorejo est souvent parsemé de copeaux de jambon ibérique grillé et parfois d’œuf dur.
Ça n’a l’air de rien comme ça… mais un salmorejo peut pratiquement vous faire un repas!
Pour changer des tapas
Un peu excentré, pour ne pas dire planqué (le nom du restaurant n’est indiqué nulle part sur la devanture), le restaurant El Astronauta propose des plats type « brasserie » (hamburgers, pâtes, salades, …) dans un décor design et décontracté.
Le service cool mais efficace, la cuisine très correcte… rien de rare mais on y a passé une bonne soirée.
Pour boire un verre dans des gros fauteuils bien mous
On vous conseille le bar Fusion by Sojo, qu’on a aimé un peu parce qu’il était juste à côté de notre hôtel, et beaucoup parce qu’il propose le wifi gratuitement… nous l’avons squatté quelques heures pour mettre à jour notre blog!
Bar à cocktail à la terrasse agréable, nous y avons goûté à une autre spécialité de Cordoue : le flamenquin.
Il s’agit de filets de porc aplatis, roulés, fourrés de jambon et d’autres ingrédients non identifiés et frits. C’est gras… mais c’est bon!
Où dormir à Cordoue ?
C’est LE bon plan de notre séjour : El Antiguo Convento.
Un ancien couvent reconverti en hôtel, au prix défiant toute concurrence : nous avons payé 35€ la nuit pour une chambre double en plein cœur du centre historique de Cordoue.
Certes, à ce prix là, il ne faut pas s’attendre à des prestations grand luxe, mais les chambres sont propres et bien décorées. Même si, comme partout en Andalousie, l’insonorisation laisse à désirer, mais à ce stade de notre séjour, nous avions déjà fait une croix là-dessus!
Allez, il est temps d’aller dormir, une longue route nous attend demain!
Liens utiles
> Site internet de la Mosquée de Cordoue : mezquitadecordoba.org
> Site internet de la Casa Sefarad
> Site internet de la Casa Pepe de la Juderia
> Site internet de l’hôtel El Antiguo Convento